Dans un premier temps, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Téo CHEA, j’ai 24 ans et je suis originaire des Hautes-Pyrénées dans un village à côté de Tarbes.
D’une part, rugbystiquement, j’ai commencé ce sport tardivement. En effet, j’étais assez longiligne et très fin, de ce fait j’ai longtemps réalisé du basket-ball. Après plusieurs titres départementaux, je ne me retrouvais plus dans ce sport et l’ensemble de mes copains faisaient du rugby. Je me suis donc lancé en cadet au sein du Marquisat (Louey Marquisat). Étant donné que j’ai joué à VII, XII et à XV, et avec un effectif limité, nous devions développer notre polyvalence. Je jouais à plusieurs postes : 6 – 7 – 9 – 10 – 11 – 12 – 13 –14 – 15.
D’autre part, professionnellement, je réalise un doctorat d’expertise-comptable, commissariat aux comptes. Ayant fait toute ma vie à Tarbes, je suis allé faire mon Master au sein de l’Institut d’Administration des Entreprises de Pau. C’est à la suite de mon changement de région que j’ai changé de club.
En effet, ne connaissant personne j’avais demandé le contact du Directeur de l’Arbitrage de la Nouvelle-Aquitaine qui m’avais transmis le numéro d’Henri CLAUDIO. Nous nous sommes immédiatement entendus et en 10min, j’avais signé ma licence à Saint- Jean-de-Luz. Je tiens à le remercier car c’est un club où l’on se sent concerné et où il fait bon vivre.
Qu’est ce qui t’as donné l’envie de devenir arbitre et quand as-tu débuté ?
Comme beaucoup, j’ai commencé l’arbitrage à la suite d’une énième blessure. Lors de mon année de deuxième année de junior, sur un crochet, je me suis fait les ligaments croisés du genou droit avec une intervention chirurgicale au Médipole de Toulouse. Un an plus tard et espérant profiter de mon année de troisième année de junior, je reprends une licence de rugby. Trois matchs après mon retour, je me suis fait les ligaments croisés du genou gauche, cette fois-ci sans intervention chirurgicale.
Néanmoins, je voulais rester dans le monde du rugby. J’ai commencé par faire des photographies et puis l’envie d’être arbitre est arrivée. Je me suis donc renseigné auprès de René BORDENEUVE, ancien responsable de l’arbitrage en Armagnac Bigorre et immédiatement le virus m’a pris.
Depuis mes 18 ans, je n’ai plus arrêté, hormis la période COVID mais que je sache, le monde aussi était à l’arrêt 😉
Aujourd’hui, tu es classé et arbitre en Fédérale 3 :
Quels sont les déplacements les plus lointains que tu as effectués ? Comment prépares tu et appréhendes tu ces longs déplacements ?
Il est vrai que depuis 2 ans, je suis classé en Fédérale 3. Par rapport au niveau régional, où l’on reste essentiellement dans le 64, au niveau fédéral, avec la neutralité arbitrale, il nous est impossible d’arbitrer dans le département. Nous nous déplaçons donc dans les Landes, le Lot et Garonne, la Gironde … Durant ces deux années, le déplacement le plus lointain était au Bassin d’Arcachon pour un match d’espoirs nationaux.
Au niveau Fédéral, nous recevons nos désignations suffisamment tôt (environ 1 mois à l’avance), ce qui me permet de m’organiser. Étant donné que pratiquement l’ensemble de mes déplacements se fait seul, j’en profite pour passer ces moments qui m’appartiennent, en écoutant mes chanteurs préférés : Huntza, En Tol Sarmiento et Bulego !
Quel est, pour l’heure, ton meilleur souvenir dans l’arbitrage ?
Je ne pourrais en citer un seul car l’arbitrage regorge de moments exceptionnels que je pourrai évoquer : Mon premier match, mon premier match séniors, mes premières phases finales, mon arrivée en Fédérale 3 … Je pense que mon meilleur souvenir interviendra le week-end du 20 – 21 avril 2024. J’ai la chance, pour ma première fois, d’être désigné en tant que 5 ème arbitre sur le match de Top14, Pau-Montpellier. Être au cœur du match face à 14 000 personnes, à l’aube de l’épilogue du championnat va être fabuleux.
As-tu une anecdote à nous raconter ?
Lors de ma deuxième année d’arbitrage, j’alternais avec deux sacs de rangement de crampons.
Je me dirigeais sur un match de cadet à 2H de chez moi. À l’arrivée au stade, je m’aperçois que je me suis trompé de sacs : Pas de crampons … Impossible de retourner à la maison pour les récupérer ! J’ai donc dû demander au club local une paire de crampons de ma pointure (41). La plus proche était du 43, autant vous dire que les 70 minutes (2 x 35 minutes en jeune) ont été extrêmement longues …
Depuis, je peux vous assurer que je vérifie à deux fois que toutes mes affaires sont dans mon sac.
De manière générale, que penses tu de la relation arbitres dirigeants à ce niveau ?
En Fédérale 3, la relation arbitres-dirigeants se passent globalement bien. Généralement, durant l’avant-match et durant le match, on sent la tension pour chacune des équipes qui veut le meilleur résultat pour vivre le magnifique moment des phases finales. Après le match, nous envisageons eux et moi-même le match suivant.
Néanmoins, certains clubs voient l’arbitre comme une personne d’hostile et non servant le jeu comme officiel de match. La peur de la descente en Régionale est une des raisons. À plusieurs reprises, j’ai dû quitter le stade sans aller à la réception d’après-match car la discussion était inutile et qu’il n’y avait seulement des reproches sur diverses situations du match qui était terminé.
Merci Téo pour cette interview très intéressante. Prochainement découvrez l’interview de Pierre Jouillat, arbitre en cours de formation.
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